Le revers du découpage du Katanga

Le revers du découpage du Katanga
May 15, 2018

Le démembrement des provinces congolaises, communément appelé le ‘découpage’, était censé grosso modo rapprocher les gouvernants aux populations, afin que ceux-ci puissent travailler pour le peuple, en gérant plus étroitement les affaires de l’état. Après quelques années d’expérimentation, le bilan est loin d’être positif. Au Katanga, certains disent même que la situation est plus confuse qu’elle ne l’était avant le découpage, et que l’application de cette politique a été instrumentalisée par ceux qui ont des visées tribalistes. D’autres y voient même une opportunité pour avoir mainmise sur les retombées minières qui se comptent par millions, voire milliards de dollars.

Au lieu d’une gestion plus transparente et rigoureuse, le découpage a créé le contraire des vœux qui étaient escomptés.

Le tribalisme est à son comble et la marginalisation des groupes ethniques ayant peu d’influence dans certaines provinces se fait au nez et à la barbe des autorités, voire avec leur tacite assentiment. En bref, il faut appartenir à la tribu rapprochée du sérail pour jouir des pleins droits.

Le problème est si grave que dans certains cas les appels d’offres sont faits sur base d’affiliation tribale. Cela a pour corollaire, au-delà d’une croissance du taux de chômage parmi les membres des tribus marginalisées, des tensions sociales et des animosités intertribales d’un temps que l’on croyait révolu.

Bien que le tribalisme ait toujours existé, le découpage l’a exacerbé au grand dam de l’histoire glorieuse du Katanga. Pis encore, il est en train de faire voler en éclats l’identité Katangaise et d’effilocher le tissu social. Quand une politique est mise en application, il est nécessaire de faire une évaluation du processus et une évaluation des résultats, par un corps neutre et indépendant, et avoir le courage de rectifier le tir, et si nécessaire, faire marche arrière afin d’éviter la catastrophe.

Patrick Munongo