Plus longue la guerre, plus complet le déplacement d’influence…

Plus longue la guerre, plus complet le déplacement d’influence…
Bertrand de Jouvenel
October 16, 2008

En 2007, j’ai écrit un article intitulé « Le démantèlement des groupes rebelles, et leur réintégration dans l’armée nationale ». Le but de cet article était de faire la lumière sur ce qui se passe dans le nord est de la RDC, les guerres, les atrocités, et le déplacement interne des populations. Plus précisément, je parlais des forces rebelles du général déchu Laurent Nkunda, qui sont la cause majeure de ces evenements dans le Kivu. Dans ce même article, je me suis étendu sur la nécéssité d’organiser le désarmement de toutes ces armées hétéroclites et de les réinserer dans l’armée nationale, afin que la paix règne dans la RD Congo, surtout dans le nord est du pays. Cela fut et reste une mission inachevée, bien qu’il y ait d’autres éléments dans cet imbroglio congolais.

Depuis 2003, année où les accords de paix ont été signés avec les parties belligérentes, la guerre a fait rage par intermittence dans le nord est de la RD Congo. Des milliers de gens ont été délocalisés, et sont obligés de joindre des campements de fortune afin de survivre un autre jour. Des centaines de femmes sont violées, humiliées, et mutilées par les divers rebelles qui ont trouvé refuge dans cette partie du Congo. Laurent Nkunda continue de tirer profit de cette situation instable, et jouit des retombées des exploitations minières illégales.

Nkunda est derrière, directement ou indirectement, le déplacement des milliers de gens dont les nerfs commencent à s’effriter. Avec ruse, il compromet le gouvernement de Kinshasa, surtout aux yeux de la communauté internationale qui, par mégarde, empressement politique, ou ingérence paternaliste, voudrait ressusciter l’idée malsaine de balkaniser le Congo. Simple théorie de complot ou bien stratégie politique armée? Toujours est-il que Nkunda met au jour les faiblesses de l’armée nationale naissante, qui n’a pu,jusqu’à ce jour, en finir avec la guerre. En défiant le Congo dans une guerre de si longue haleine, le désir de Nkunda est de démoraliser peu à peu la population du nord est, et de déstabiliser le gouvernement en place.

Comme l’a écrit si éloquemment Bertrand de Jouvenel, plus longue une guerre, plus complet le déplacement d’influence. La RD Congo est en train de subir un transfert systématique et progressif d’influence dans le nord est. Si ce n’est un transfert de pouvoir politique propre, la guerre a, à certains égards, créée des ouvertures et des accés libres aux resources naturelles qui echappent au gouvernement.

En 1962, les Nations Unies usaient de toutes ses forces pour mettre fin à la Sécession katangaise. Aujourd’hui, les forces onusiennes nous disent qu’elles sont incapables de remettre le calme au RD Congo, pendant que leur impuissance sert à avancer l’agenda de M. Nkunda. Beaucoup de questions persistent sur le rôle, jusqu’ici, lamentable des Nations Unies, le financement de M. Nkunda, et le rôle que peut jouer l’armée nationale. Et au sujet de la soi-disant balkanisation du Congo, existe-t-elle vraiment, où est-ce simplement une théorie du complot ? N’attendons pas que le temps nous le prouve, nous risquerions d’en être déçu.

Plus longue la guerre, plus complet le déplacement d’influence. Mettre fin à la guerre dans le nord est de la RD Congo, et sécuriser le territoire et les frontières nationales, restent fondamentaux pour l’essor et la souveraineté de notre pays.